L’impression 3D de viandes : la liste des imprimantes 3D et des services
Vous mangez surement beaucoup plus de produits alimentaires imprimés en 3D que vous ne le pensez. Lors des conférences et ateliers que nous organisons, nous aimons surprendre notre auditoire par cette petite phrase. Cette semaine, nous commençons notre voyage autour une famille très célèbre des aliments imprimés en 3D : la viande et ses substituts.
Pour ce premier épisode de notre série ; nous sommes heureux de vous présenter une courte histoire de l’impression 3D de viande et de ses alternatives, ainsi que les principaux acteurs, dont vous pouvez gouter les produits à travers le monde.
Au-delà de toute posture idéologique, nous tenons à rappeler au début de cet article que les défis liés à la durabilité et aux impacts environnementaux de la consommation de viande, ainsi que les discussions sur le bien-être animal conduisent de plus en plus à des réflexions sur la nécessité d’adapter nos régimes alimentaires. On retrouve de plus en plus souvent dans notre assiette des nouveaux aliments permettant de réduire notre consommation de viande ‘sur pied’. Et dans ce domaine, plusieurs acteurs ont choisi de se tourner vers l’impression 3D alimentaire.
En décembre 2023, nous avions déjà rédigé l’article « Comment l'impression 3D alimentaire peut impacter l'industrie agro-alimentaire ? » où nous évoquions justement cette technologie.
Aujourd’hui nous souhaitons approfondir ce sujet en nous intéressant aux différentes avancées.
1. Une brève histoire de l’impression 3D de viande et d’alternatives à la viande animale
Tout d’abord, il est important de préciser que plusieurs laboratoires de recherche ont travaillé sur ces sujets depuis les années 90 avec 2 approches principales :
- imprimer un substitut végétal à la viande, à base de protéines végétales et de lipides
- imprimer de la viande cultivée à partir de cellules animales.
L’objectif visé est de réduire l'empreinte écologique liée à la production de viande traditionnelle et à offrir des alternatives attrayantes pour ceux qui adoptent un régime végétarien ou végétalien.
La technologie de fabrication additive est utilisée dans les 2 cas pour créer des structures précises qui imitent la texture et le goût de la viande traditionnelle, autrement dit pour apporter des propriétés organoleptiques à ces nouveaux aliments.
Dans le cas des substituts à la viande, le but est de recréer la texture de la viande sans recourir à des produits d'origine animale. Pour cela, les chercheurs ont d'abord analysé les éléments qui confèrent à la viande cette consistance unique. Ils ont réalisé que la viande animale est constituée d'une architecture complexe composée de myofilaments, de myofibrilles, de fibres musculaires, de fascicules ainsi que de fascias, tous reliés entre eux par des tissus conjonctifs. C'est cette organisation spécifique qui procure à la viande sa texture distinctive, à la fois ferme et tendre, qui joue un rôle crucial dans l'expérience gustative.
C’est aux Pays-Bas que les premières recherches se développent autour des analogues ou des substituts à la viande dans les années 1990 et on considère généralement le chercheur Willem van Eelen comme le père de la viande imprimée en 3D. Ancien prisonnier de guerre, ses années de détention l’ont amené à imaginer une viande produite en laboratoire, sans souffrance animale, et il a œuvré toute sa vie à l’émergence de cette idée.
- Les années 2010
Mais le concept d’imprimer de la viande en 3D commence à émerger dans la sphère publique dans les années 2010 et on se souvient des premiers investissements de Peter Thiel (l’un des fondateurs de facebook) dans la startup Modern Meadow, comme le rappelle cet article du Monde publié en 2012. Il est d’ailleur intéressant de constater que cette startup a depuis pivoté vers le cuir non-animal mais ce n’est pas le sujet de cet article.
Du coté de la recherche, un tournant est passé avec l’annonce choc du premier steak cellulaire imprimé en 3D en 2013. Cette prouesse scientifique est réalisée par le Dr. Mark Post et ses équipes de l’Université de Maastricht et ils font à juste titre la une des médias ; par exemple auprès de la BBC.
Très vite la question de l’acceptabilité de tels aliments se pose, et de nombreux articles sont publiés au cours de la décennie pour savoir si nous sommes prêts à manger des aliments préparés en laboratoire et texturés grâce à l’impression 3D (la réponse quinze ans plus tard est OUI).
Cependant, c'est véritablement à partir de 2015 et au-delà que des avancées significatives ont été réalisées dans le domaine, avec plusieurs entreprises lançant des produits sur le marché et développant des prototypes. Diverses startups ont émergé, telles que les marques américaines Memphis Meats (désormais Upside Foods), Eat Just, Finless Foods et Wild Type. Israël est devenu un important hub de biotech avec notamment les startups de viande cultivée, comme Aleph Farms, SuperMeat, MeaTech (désormais Steakholder Foods) et Future Meat Technologies (désormais Believer Meats). D’autres, comme la société néerlandaise Mosa Meat, connue pour avoir produit le premier burger cultivé en laboratoire sous la direction du Dr Mark Post, et la société singapourienne Shiok Meats, se créent dans la même période.
- Le tournant de l’année 2020
Les startups travaillant sur les alternatives à la viande ont levé des sommes colossales auprès des investisseurs et ont très vite avancé de la preuve de concept à la phase de commercialisation ; il était donc nécessaire de la part des Etats de se prononcer sur ces nouveaux aliments.
Les Etats-Unis, l’Europe et le Canada publient des guidelines, et la ville de Singapour s’illustre comme le premier pays à valider la commercialisation de la viande cultivée en laboratoire (d’abord le poulet puis le steak). Les premiers produits sont commercialisés, et les entreprises proposent des versions de filet de steak, de poulet convaincants à un rythme effréné.
C’est seulement en 2022 que les Etats-Unis et l’Europe finalisent le cadre législatif pour ces nouveaux types de produit, ouvrant la possibilité d’un réel marché. Autre fait notable : Upside Foods, basé en Californie, a reçu une reconnaissance de la FDA pour sa viande cultivée, attestant de la sécurité du produit. Bien qu'il ne s'agisse pas d'une approbation officielle, cette étape a marqué une tendance réglementaire favorable.
2. Les types d’imprimantes capables d’imprimer de la viande en 3D
Il existe plusieurs types d'imprimantes 3D qui peuvent imprimer des substituts de viande ou des produits à base de viande, et chacune présente ses propres avantages. L’objectif d’utiliser l’impression 3D alimentaire est de pouvoir contrôler la texture, l’agencement des couches de gras et de « muscle » dans le produit fini, le gout, l’aspect visuel et les qualités nutritionnelles de l’objet final.
- Imprimantes à extrusion de pâte : ces imprimantes utilisent un procédé d'extrusion similaire à celui des imprimantes 3D à filament. La viande ou les substituts de viande sont transformés en une pâte qui est ensuite extrudée couche par couche pour créer des formes tridimensionnelles. Cette méthode est souvent employée pour créer des substituts de viande à base de plante.
- Imprimantes à jet d'encre alimentaire : ces imprimantes pulvérisent des gouttelettes de pâte comestible pour créer des motifs et des structures. Elles peuvent être utilisées pour imprimer des fils de viande ou des ingrédients qui imitent la texture et le goût de la viande.
- Imprimantes SLA et DLP : bien que moins courantes pour l'impression de la viande, des systèmes basés sur la stéréolithographie (SLA) ou la projection de lumière (DLP) peuvent théoriquement être adaptés pour travailler avec des matériaux comestibles. Ces technologies utilisent une résine qui durcit sous la lumière pour créer des objets, mais elles ne sont pas encore largement utilisées dans l’impression 3D alimentaire.
- Imprimantes à base de bio-encre : certaines entreprises développent des bio-encres faites à partir de cellules animales, de protéines et d'autres ingrédients naturels. Ces encres peuvent être utilisées dans des imprimantes 3D spécifiques pour créer des structures de viande.
- Imprimantes à dépôt de pâte selectif : c’est le procédé que nous utilisons pour l’imprimante 3D Patiss3 et il est également utilisable pour les substituts de viande à base de protéines vegetale. Il s’agit de déposer une pâte au sein d’une matrice (poudre, gel ou liquide) qui vient emprisonner ce materiau jusqu’à l’application d’un stimulus qui permet sa solidification.
3.Quelles entreprises ont fait de l’impression 3D de viandes leur principal objectif ?
3.1 Novameat :
Fondée en 2017, Novameat est une start-up espagnole spécialisée dans la biotechnologie alimentaire qui se concentre sur la création de substitutions de viande. L’équipe se compose d’inventeurs, de scientifiques, de chefs, d’ingénieurs et de designers.
Ils utilisent une technologie d'impression 3D par micro-extrusion pour produire des produits alimentaires qui imitent la texture et le goût de la viande, tout en étant entièrement à base de plantes. Ils utilisent pour cela des protéines de pois et de riz, du jus de betterave, des fibres d’algues et des huiles végétales.
Le processus d'impression 3D de Novameat permet de créer des structures complexes qui reproduisent les fibres musculaires et la texture de la viande. Cela représente une avancée significative dans le domaine des alternatives végétales à la viande, car de nombreux consommateurs recherchent des options plus durables et éthiques sans compromettre le goût et la sensation en bouche.
En plus de l'impression 3D, Novameat se concentre également sur la nutrition, en s'assurant que ses produits contiennent les éléments nutritifs nécessaires. A ce jour, elle propose déjà des alternatives végétales de poulet, de bœufs et de dinde. Elle est aussi en train de travailler sur de nouvelles gammes de steak et de porc.
3.2 Modern Meadow :
La start-up Modern Meadow, fondée en 2011, s’est spécialisée dans les biotechnologies, plus particulièrement dans la création de matériaux durables à partir de cellules vivantes.
Elle s'est intéressée au sujet de la production de cuir synthétique en se servant de la biologie synthétique et de l’ingénierie tissulaire. Son objectif était de remplacer les méthodes traditionnelles de production de cuir, qui sont souvent nuisibles pour l’environnement et impliquent l’élevage d’animaux.
Avec le même objectif, elle s'est vite intéressée au sujet de la viande, en voulant mettre l’accent sur la durabilité en cherchant des moyens de réduire l'empreinte écologique liée à la production de viande, en diminuant les émissions de gaz à effet de serre et en utilisant moins de ressources par rapport à l'élevage traditionnel.
Ce processus innovant permet de produire de la viande et d'autres substances de manière plus éthique et durable, tout en répondant à la demande croissante pour des alternatives à la viande conventionnelle.
Elle commence par extraire des cellules souches à partir de tissus animaux via une biopsie.
Ces cellules sont capables de se multiplier et de se différencier en différents types de cellules musculaires et de tissus.
Les cellules sont ensuite cultivées dans des conditions contrôlées, ce qui leur permet de se développer en masse sans avoir besoin d'élever des animaux pour la viande. La culture cellulaire est essentielle pour produire les quantités nécessaires à l'impression 3D.
L'équipe de Modern Meadow utilise des techniques de bio-ingénierie pour améliorer les caractéristiques des cellules cultivées. Cela peut inclure l'ajout de nutriments ou de facteurs de croissance pour optimiser la texture, le goût et la qualité des produits finaux.
Une fois que les cellules sont prêtes, elles sont intégrées dans un biomatériau qui peut être utilisé dans une imprimante 3D. Cette technologie permet de créer des structures en trois dimensions qui imitent la texture et la forme de la viande traditionnelle.
Après l'impression, les structures de viande ont besoin de temps pour mûrir et se développer, un processus qui peut inclure des effets de stress mécanique, des modifications de l'environnement de culture, etc.
Aujourd’hui Modern Meadow se concentre uniquement sur la commercialisation de ce cuir mais n’a pas totalement fermé la porte à la sortie de produits alimentaires de leurs laboratoires.
3.3 Redefine Meat :
Fondée en Israël, l'entreprise Redefine Meat vise à révolutionner l'industrie de la viande en offrant des alternatives qui imitent la texture, le goût et l'apparence de la viande animale, tout en étant plus durables et éthiques. N’utilisant que des ingrédients à base de plantes, Redefine Meat vise à réduire l'impact environnemental associé à l'élevage traditionnel, notamment en diminuant les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d'eau et l'utilisation des terres.
En utilisant des protéines végétales, des lipides et d'autres ingrédients d'origine végétale, ils fabriquent ainsi une "pâte" qui peut être utilisée dans le processus d'impression 3D.
Ces ingrédients sont sélectionnés pour leur capacité à reproduire les propriétés sensorielles de la viande traditionnelle. Chaque ingrédient joue un rôle essentiel en termes de texture :
- Pour imiter la texture de la viande: Des protéines végétales, comme du blé, du soja ou du pois, ainsi que des fibres de plantes.
- Pour recréer la jutosité et le goût de la viande : Des graisses végétales comme des huiles de coco ou d’autres graisses d’origine végétale.
- Pour donner son goût de viande et d’umami : des arômes naturels.
- Pour rehausser le goût : Des épices et des assaisonnements.
L'appareil d'impression 3D de Redefine Meat, baptisé « Alt-Meat » fonctionne en extrudant cette pâte végétale couche par couche, selon des modèles précis qui simulent la structure de la viande. Ce processus permet de créer des formes et des textures spécifiques, comme celles que l'on trouve dans des morceaux de viande, tels que le steak.
Pour s'assurer que la texture et le goût de la viande imprimée en 3D sont satisfaisants, il est possible d'y ajouter des épices, des arômes naturels et d'autres composants pour imiter le profil de saveur de la viande.
C’est en 2022, lors du Veganuary (une campagne mondiale qui incite les gens à expérimenter le véganisme durant le mois de janvier) que la marque commencé à commercialiser sa bavette imprimée en 3D le « Redefine Flank Steak », notamment au Royaume Uni, en Suisses, au Pays Bas et en France.
Cette bavette est composée d’eau, de protéines végétales comme le blé, le soja ou la pomme de terre, de la farine de soja, de blé, de l’huile de colza raffinée, d’amidon de maïs, d'arômes naturels (de la moutarde), du malt d’orge, du sel et des colorants (de la betterave ou du caramel).
Elle est d’ailleurs sans cholestérol et avec une faible teneur en matières grasses et en sel, ce steak noté « A » sur l’échelle Nutri-Score, et contient 26 grammes de protéines pour 100 grammes.
« Redefine Meat propose une viande végétale moelleuse et juteuse offrant la structure ferme et fibreuse du muscle animal » comme aime à le dire la start-up.
Depuis, leur gamme de substituts de viandes ne cesse de s’élargir, puisqu’ils proposent désormais :
- Des steaks : des substituts de steaks qui imitent la texture et le goût de la viande de bœuf.
- Du haché : un produit haché à base de plantes.
- Des côtes : des produits conçus pour ressembler à des côtes de viande.
- Des saucisses : des substituts de saucisses
La particularité de Redefine Meat est qu’il propose de déployer un réseau de production décentralisé, sur la base de leurs unités de production « AltMeat » afin de réduire au maximum l’empreinte carbone de leur solution.
3.4 Cocuus et Foodys :
Ces deux entreprises agroalimentaires espagnoles partagent une mission commune : proposer des alternatives durables à la viande traditionnelle pour réduire l'impact environnemental de l'industrie alimentaire.
Ces deux entreprises se sont notamment associées pour lancer la première usine de bio-impression 3D à l’échelle industrielle.
Pour cette collaboration, Foody’s prendra en charge l’industrialisation et la commercialisation de la viande alternative bio-imprimée en 3D de Cocuus, sous la marque conjointe Foody’s & Cocuus.
L’entreprise Cocuus a fait son entrée dans l'esprit du grand public il y a trois ans. Alors que la planète était confinée à cause de la pandémie, cette société espagnole a choisi de créer le buzz sur les réseaux sociaux en publiant une courte vidéo montrant l’impression en 3D d’un véritable steak. Rapidement, la vidéo est devenue virale, attirant plus de 70 000 réactions.
Le premier produit de cette association à voir le jour est du bacon 100% végétal et sans gluten. Après avoir analysé la structure morphologique, ils ont pu développer des modèles mathématiques, qui leur permettent ainsi de les reconstruire.
L’impression 3D, quant à elle, se fait grâce à des bio-encres conçues en interne.
Pour reproduire un steak avec précision, Cocuus a recours à une technique nommée "téléportation" de la viande.
Ils ont pour cela scanné des centaines de morceaux afin d’analyser leur composition détaillée, ce qui leur a permis de localiser la graisse, les os et la viande au niveau moléculaire.
Cocuus propose des substituts végétaux pour des aliments carnés comme du bacon ou du foie gras à partir d'une base végétale, mais le steak imprimé en 3D est quant à lui constitué de viande. L’entreprise utilise des morceaux non vendables issus des abattoirs pour les transformer. Seule la graisse entourant la viande est obtenue à partir d'une solution végétale, ce qui contribue à diminuer significativement la quantité de graisse saturée dans le produit final.
L’imprimante industrielle mise au point par l’union de ces deux sociétés est unique au monde et permettrait de produire 1 000 tonnes de bacon 100 % végétal par an, et 3 000 tonnes de foie gras végétal. En termes de commercialisation, la société annonce avoir vendu 200 000 tranches de bacon végétal et 80 000 blocs de foie gras végétal.
3.5 MeaTech / Steakholder Foods :
Cette entreprise israélienne, souvent mentionnée dans ce domaine, a récemment présenté un steak de 104 grammes imprimé en 3D, ce qui en fait le plus gros steak artificiel au monde réalisé à partir de cellules.
Pour parvenir à cela, la société a utilisé sa nouvelle méthode de bio-impression.
« La percée d’aujourd’hui est l’aboutissement de plus d’un an d’efforts dans nos processus de biologie cellulaire et d’ingénierie tissulaire à haut débit, ainsi que dans notre technologie de bio-impression de précision. En réalisant la bio-impression d’un steak composé de tissus vivants, nous pensons avoir à la fois validé nos technologies de base et nous être placés en tête de la course au développement de produits carnés haut de gamme cultivés à partir de cellules réelles » comme le dit Sharon Fima, PDG et directeur technique de MeaTech.
L’entreprise a recours à la bio-impression pour reproduire fidèlement les motifs tissulaires complexes du steak. Grâce à ce nouveau produit, elle se rapproche de son objectif principal : élaborer un substitut authentique au steak traditionnel.
À la différence de la plupart des steaks alternatifs sur le marché, majoritairement composés de cellules végétales, MeaTech vise à créer des produits à base de poulet et de steak en utilisant de vraies cellules. Aujourd'hui la startup Meatech est connue sous le nom de Steakholder Foods.
3.6 Mosa Meat :
Cette entreprise néerlandaise, fondée en 2016, vise à produire de la viande sans avoir besoin d’élever et d’abattre des animaux.
Cofondé par Mark Post, il est notamment connu pour avoir créé le premier hamburger cultivé en laboratoire en 2013.
L’entreprise Mosameat se concentre sur le développement de viande cultivée en laboratoire et à partir de cellules souches animales, mais également sur l’impression 3D pour créer des produits issus de cellules.
Il est possible que cette liste ne soit pas exhaustive, aussi n'hésitez pas à nous contacter si vous voyez qu'une société n'est pas référencée !
4. Les initiatives françaises en matière de viande imprimée en 3D :
En France, les initiatives autour de la viande imprimée en 3D est portée par différents laboratoires de recherche. Il est impératif de citer les travaux de Stéphane Portaguen et de ses équipes. Une de leurs doctorantes a ainsi présentés des aliments carnés imprimés en 3D lors du salon de l’agriculture en 2023.
De façon plus globale, les travaux autour de l’impression 3D alimentaire en France sont principalement réalisés au sein d’AgroParisTech et d’Oniris.
Les aliments imprimés en 3D disponibles dans les supermarchés français sont principalement issus des startups israéliennes comme Redefine Meat ou espagnoles comme Coccus.
5. Les différents avantages à consommer de la viande imprimée en 3D :
Comme nous l'avons mentionné en introduction de notre article, la consommation de cette viande imprimée contribue à atténuer l'impact environnemental généralement associé à la consommation de viande animale. Cependant, il existe également d'autres avantages significatifs qu'il est important de prendre en compte.
- Un apport nutritionnel important :
L'apport nutritionnel des plantes est largement supérieur à celui de la viande animale. En effet, les végétaux sont une excellente source de protéines, de vitamines et d'autres éléments nutritifs essentiels pour notre santé. Contrairement à la viande, qui peut contenir des substances nocives et des graisses saturées peu recommandées, les plantes offrent un éventail de nutriments bénéfiques sans les inconvénients souvent associés à une alimentation carnée. Cela en fait une option plus saine et plus équilibrée pour ceux qui cherchent à améliorer leur régime alimentaire tout en préservant leur bien-être.
- Une réduction du gaspillage alimentaire :
Chaque année, on estime que plus de 1,3 milliard de tonnes de déchets alimentaires sont produits à l’échelle mondiale. Nous avions évoqué le sujet dans cet article et nos premières recherches sur le sujet.
Ce chiffre alarmant met en lumière un problème majeur dans notre société, à savoir le gaspillage alimentaire. Dans ce contexte, l'utilisation de l'imprimante 3D, offre une solution prometteuse car elle permet de produire à la demande. Dans le cas de la viande, on sait qu’on consomme un certain pourcentage de l’animal mais que beaucoup de morceaux ne sont pas valorisés. En ne produisant que les morceaux recherchés par les consommateurs, on évite le gaspillage.
De plus, un autre avantage de la viande imprimée en 3D réside dans sa conservation. Comparée à la viande traditionnelle, elle possède une durée de conservation plus longue. Cette caractéristique est cruciale non seulement pour réduire le gaspillage alimentaire, mais aussi pour améliorer la sécurité alimentaire. Grâce à une meilleure gestion de la conservation, il devient possible de prolonger la fraîcheur de la viande et ainsi de répondre aux besoins des consommateurs tout en minimisant l'impact environnemental lié à la production et à la distribution de produits alimentaires.
- Une réduction des gaz à effet de serre :
Contrairement à l'élevage traditionnel, qui nécessite d'importantes ressources en eau, en terre et en alimentation pour les animaux, ainsi qu'une gestion complexe des déchets, l'impression 3D alimentaire permet de produire des substituts à la viande en utilisant des matières premières végétales ou cellulaires. Cela réduit significativement les émissions de gaz à effet de serre associées à l'élevage, telles que le dioxyde de carbone et le méthane, qui proviennent des systèmes d'élevage intensif.
De plus, la fabrication en 3D de substituts végétaux à la viande utilise des procédés de production plus efficaces, nécessitant moins d'énergie et de ressources naturelles. Cela permet non seulement de diminuer l'empreinte carbone de la production alimentaire, mais aussi d'optimiser l'utilisation des ressources en valorisant des ingrédients durables. En adoptant des technologies telles que l'impression 3D, il est possible de répondre à la demande croissante en protéines alimentaires tout en protégeant l'environnement et en contribuant à la lutte contre le changement climatique.
- Une diminution de la souffrance animale
C’est une évidence, mais il nous parait important de l’écrire. Un des gros avantages de l’impression 3D de viande cellulaire ou bien de substituts végétaux est de produire des alternatives à la viande traditionnelle sans avoir à élever et abattre des animaux. On élimine les besoins en élevage intensif et en conditions souvent difficiles pour les animaux.
Ensuite, l'impression de viande 3D repose souvent sur des cellules souches d'animaux cultivées en laboratoire, ce qui signifie qu'il est possible de créer des produits carnés en utilisant moins de ressources et en minimisant l'impact environnemental.
L’ambition est clairement de répondre à la demande croissante de protéines animales tout en allégeant le poids moral associé à la consommation de viande.
- De la viande 3D pour l’espace :
L'idée d'utiliser l'impression 3D pour les astronautes n’est pas nouvelle et ouvre la voie à de nombreuses possibilités innovantes pour l'alimentation dans l'espace. Au-delà du fameux projet de la pizza imprimée en 3D portée par la Nasa dans les années 2010 ; le sujet d’imprimer en 3D de la viande est régulièrement évoqué.
Lors des missions spatiales prolongées, comme celles vers Mars, les astronautes doivent se nourrir de manière durable et variée. Les aliments doivent être nutritifs, faciles à stocker et à préparer, tout en ayant une durée de conservation prolongée. L'impression 3D de nourriture pourrait répondre à ces besoins spécifiques.
En effet, il est prouvé que le sens de l’odorat fonctionne beaucoup moins bien dans l’espace et donc il est crucial de proposer des aliments avec de la texture, afin de limiter la perte d’appétit liée à ces conditions de vie si particulières.
- La personnalisation des nutriments :
L'impression 3D de viande ou de substitut végétal présente des avantages communs avec l’impression 3D alimentaire en général. Parmi eux, la possibilité de créer des repas adaptés aux besoins nutritionnels individuels. Grâce à des algorithmes et à des données sur la santé, il est possible de produire des portions contenant la quantité précise de protéines, de vitamines et de minéraux nécessaires pour chaque individu, optimisant ainsi leur bien-être et leur performance.
Un test à grande échelle a été effectué par les équipes de recherche de TNO et de l’université de Wageningen, il s’agit du projet d'impression 3D alimentaire Imagine.
- La créativité culinaire :
Nous ne pouvons qu’applaudir la créativité culinaire qui se met en place autour de l’impression 3D de viande cellulaire ou de substituts végétaux à la viande. Que ce soit pour ce type d’aliments ou pour la pâtisserie, nous sommes convaincus à la Pâtisserie Numérique que l’impression 3D alimentaire offre une plus grande palette d’expression culinaire, puisqu’elle permet de varier les textures et les saveurs en jouant avec les compositions.
Dans le cas de la viande imprimée en 3D, l’essentiel des recherches organoleptiques ont été menées pour reproduire les textures, le goût, la mâche des aliments carnés ; mais on pourrait parfaitement imaginer de créer une nouvelle texture qui viendrait amplifier certains marqueurs gustatifs pour apporter encore plus de gourmandises ou bien un meilleur sentiment de satiété etc.
Comme pour le domaine de la pâtisserie que nous connaissons bien, nous avons hâte de voir s’exprimer la créativité des chefs avec ces nouveaux outils.
- Logistique et transport :
En tant qu’alternative à l’élevage de bétail pour la consommation de viande, l’impression 3D de viande cellulaire ou de substituts végétaux permet de réduire significativement les frais de logistique et de transport, puisqu’on achemine des plus faibles quantités de marchandises.
C’est également l’opportunité de pouvoir produire les bonnes quantités au plus proche du consommateur final. Cela permet également de réduire la logistique lié au commerce de gros et à la distribution, en comparaison avec une usine centralisée qui livre des plateformes logistiques qui livrent des magasins etc.
Installer des unités de production locales sous forme d’un maillage du territoire est par exemple une des propositions de la startup Redefine Meat.
Tout comme dans l’impression 3D alimentaire en général, l’utilisation des imprimantes 3D pour produire de la viande cellulaire ou des substituts végétaux a donc un fort impact sur l’organisation et les couts liés à la logistique et au transport.
6. La contribution de la Patisserie Numerique sur le sujet des alternatives à la viande imprimées en 3D : le projet SUS-Print
La Pâtisserie Numérique participe activement au projet SusPrint, piloté par TNO et l’Université de Wageningen, visant à développer des solutions durables dans l’impression 3D alimentaire. Ce projet européen explore l'utilisation d'ingrédients locaux et respectueux de l'environnement pour réduire l'empreinte carbone tout en innovant dans la personnalisation culinaire. La Pâtisserie Numérique contribue avec son expertise en impression 3D pour repousser les limites de la créativité tout en favorisant une alimentation plus durable. Vous pouvez en savoir plus sur ce programme de recherche au travers de cet article.
7. Conclusion :
Alors convaincus de tester la viande imprimée en 3D pour votre prochain repas ?
Nous espérons que cet article vous aura permis de comprendre combien l'impression 3D d’alternative à la viande représente une avancée prometteuse dans le domaine de l'alimentation, alliant innovation technologique et préoccupations éthiques liées à l'élevage traditionnel. Les possibilités de texturation offertes par la fabrication additive vont probablement permettre de réduire la liste des ingrédients, ce qui aura pour effet de rassurer les derniers consommateurs encore réticents.
Cette méthode sobre énergétiquement et en matières premières va contribuer à répondre à la demande croissante de protéines tout en réduisant l'impact environnemental associé à l'élevage.
À mesure que cette technologie continue d'évoluer, il est essentiel de suivre de près ses développements car il ne fait aucun doute que ces entreprises pionnières vont transformer nos systèmes alimentaires, et apportent de nouvelles méthodes pour l’ensemble de l’impression 3D alimentaire.
En conclusion, l'impression 3D d’alternative à la viande sera probablement une des techniques parmi d’autres pour une alimentation plus équilibrée entre l’animal et le végétal ou pour un régime sans souffrance animale. Une bonne façon d’unir durabilité et innovation pour répondre aux besoins d'une population mondiale en pleine expansion.